“Le café des alizés”
Une aventure humaine d’un bout à l’autre de l’Atlantique.
Le 20 juillet dernier s’achevait sur les hauteurs de Lyon, chez le torréfacteur « Jaune Cerise », une épopée débutée bien des mois auparavant, par-delà les mers, dans les mains d’un caféiculteur colombien, Don Luis Eduardo Serna. Importer du café depuis la Colombie vers la France sur un ancien voilier, à la force du vent et qui plus est, à la force des mollets pour l’acheminer jusqu’à Lyon, voilà le pari un peu fou mais pas si utopique de Nativos et ses alliés. Voici en quelques mots les acteurs clés de cette aventure hors du commun.
Une démarche cohérente de bout en bout
Depuis bientôt 25 ans, notre allié Serraniagua réalise un travail acharné de protection de l’environnement et de promotion des bonnes pratiques agricoles, notamment en ce qui concerne la caféiculture.
Acteur majeur de l’environnement sur le territoire de la municipalité de El Cairo en Colombie, son objectif premier est de créer un couloir de conservation et de relier les réserves naturelles entre elles dans un souci de protection des espèces, de l’eau, des forêts et plus généralement de la vie.
A l’origine, un micro-lot stratégique
Le « café des Alizés » provient de la réserve naturelle « Buenos Aires » de Don Luis Eduardo Serna, perchée à 1800 mètres d’altitude et partie intégrante de cette stratégie de connectivité.
Initiative privée de conservation, cette réserve permet de connecter d’autres zones de forêt protégées, et préserve certaines ressources hydriques du bassin versant de la Serranía de los Paraguas, hotspot de biodiversité au niveau mondial. Plus de 50% de la réserve naturelle Buenos Aires est couverte de forêt secondaire qui abrite de nombreuses espèces. En parallèle, Don Luis et sa famille cultivent du café sous ombrage et possèdent quelques têtes de bétail.
La Corporation Serraniagua accompagne les fermes/réserves comme Buenos Aires tant sur la partie de conservation et que sur la production agroécologique de diverses cultures en proposant notamment des ateliers et un suivi personnalisé pour chaque producteur
Une stratégie de conservation inclusive, pierre angulaire de cette aventure transatlantique !
La Blue Schooner Company, impliquée par tous les vents !
Pour le « café des Alizés », la stratégie est de réduire au maximum l’impact environnemental de l’importation de café entre la Colombie et la France et d’être ainsi cohérent de bout en bout. La question est alors de choisir un moyen de transport international en adéquation avec ces engagements. Depuis quelques années, les routes commerciales internationales ont vu arrivées de nouveaux [anciens] acteurs : le transport maritime à la voile.
Dans une vision de croissance raisonnée et « au service d’un transport responsable et respectueux de l’environnement », la Blue Schooner Company est l’une de ces compagnies de fret maritime à la voile qui s’est lancée dans l’aventure il y a maintenant 4 ans.
A la barre : Guillaume et Jeff
Conduite par Guillaume et Jeff, l’entreprise arme le voilier De Gallant, ancienne goélette des années 1916. Avec 35 tonnes de capacité de chargement en cale, le voilier suit la route maritime des Alizés et réalise une seule transatlantique par an, transportant des produits européens vers les Antilles (vin, huile d’olives) et acheminant les délices des caribes vers nos étals (cacao, sucre de canne, rhum et café).
C’est à bord de ce navire que s’est embarqué les délicieux grains de café de Don Luis Eduardo en mars dernier, au port de Santa Marta, en Colombie.
Sous le vol des conteneurs de 40 pieds acheminés par les dockers sur ces bâtiments des mers que sont les porte-conteneurs, les sacs de café de la Réserve Buenos Aires sont chargés dans les cales de la goélette centenaire, deux à deux, dans un filet de pêche hissés par les vaillants marins.
Le contraste est alors saisissant. C’est David contre Goliath. Cela amène à penser et à resignifier le modèle de consommation et le mouvement frénétique d’un monde que rien n’arrête…
9000 km plus loin…
Après une escale au Mexique puis dans les Açores , et quelques péripéties que seul le capitaine est en mesure de raconter, le café arrive finalement le 13 juin au port de l’Aber Wrac’h en Bretagne où le café est déchargé.
Plus que 1 000 km à parcourir jusqu’à sa destination finale : Lyon, chez notre torréfacteur Jaune Cerise.
St-Suliac – Lyon : un défi humain pour un message global
Une idée un peu folle a mené l’équipe de Nativos et ses nombreux amis à rajouter un brin de folie cette aventure déjà incroyable.
L’idée est alors de rejoindre Lyon à bicyclette depuis la Bretagne. Équipés de vélo cargo ainsi que de charrettes et d’une volonté à toute épreuve, ils entreprennent de charger les 280 kilos de café vert de la réserve naturelle « Buenos Aires » sur les chemins de halage et les voies vertes de France.
Une idée pas si folle que ça. En effet, il s’agit là de conserver une cohérence de bout en bout. Après quelques jours passés dans le petit village de Saint-Suliac au nord de la Bretagne, où ils purent parler de leur projet mais également du travail formidable réalisé en Colombie et par nos vaillants marins de la Blue Schooner Company, ils se sont mis en route le 1 er juillet 2021.
1000 km, 20 jours, 17 crevaisons, 2 soudures…
C’était sans compter sur le « merveilleux » temps breton de ce début juillet. Les chemins de halage sont rapidement devenus des patinoires et la traversée de la Bretagne un véritable chemin de croix, entre pneus crevés, soudures cassées et vêtements mouillés. L’équipe aurait tout simplement pu abandonner après quelques jours tant la mission était délicate.
Mais, l’optimisme de ces valeureux sportifs n’en a été que galvanisé !
Kilomètre par kilomètre, ils réussissent à rejoindre les bords de la Loire, puis de la Saône, et petit à petit, bénévoles et amis les rejoignent pour finaliser le périple.
Un voyage pourvu de merveilleuses rencontres et anecdotes qui se termine le 20 juillet 2021 par la fameuse montée, le col impérieux de la Croix-rousse à Lyon.
Si cette dernière étape du voyage n’est peut-être finalement qu’une opération de communication visant essentiellement à visibiliser les actions de la Corporation Serraniagua et de Nativos, elle est avant tout un outil formidable pour parler d’une tendance naissante mais rationnelle et encourageante : celle du transport maritime à la voile. Ce mode de transport maritime n’est en aucun cas utopique, ou seulement une illusion romantique mais bel et bien une alternative viable et non polluante face au transport maritime de masse. Et cette tendance est grandissante.
Alors, si petit à petit, tout un chacun, nous prenons conscience de l’impact du commerce international sur l’état de notre planète, nous arriverons alors à la conclusion que ces nouveaux acteurs, qui reprennent fatalement les techniques et usages de nos aïeux, sont alors les héros de demain et que nous devons en tant que consommateurs, mais avant tout citoyens, prendre part à ces initiatives qui laissent rêveurs…
L’équipe Nativos
Un grand merci à l’ADEME, pour sa participation à l’achat de vélos cargos.